Top 10

Faire le Top 10 de mes livres préférés. Le défi a été lancé sur Facebook par une libraire[1] et je l’ai relevé, pensant à tort que ce serait un jeu d’enfant. Ça ne l’est pas, parce que, justement, je lis depuis que je suis gamine. Un peu tout et n’importe quoi. Du coup, choisir dix bouquins et en faire mes préférés, ce n’est vraiment pas chose facile[2].

Je suis tout de même allée au bout de l’expérience. J’ai parcouru ma bibliothèque et j’en ai sorti dix ouvrages, dix romans qui ont marqué ma vie de lectrice. Au moment où j’écris ces lignes, soit quelques heures à peine après avoir pris la photo et l’avoir publiée sur Facebook, je regrette déjà certains choix. D’autres livres auraient peut-être plus mérité leur place ici, mais j’ai décidé de ne pas modifier la liste. Je n’en finirais probablement jamais.

Top 10La pile a été faite dans un ordre aléatoire. Le choix a été suffisamment cornélien pour ne pas le compliquer encore en procédant à un classement. Je vais les prendre un à un en commençant par le haut, parce qu’il faut bien débuter quelque part.

Première remarque, Stupeur et tremblements n’est pas mon roman préféré d’Amélie Nothomb, mais il était disponible pour la photo. C’est Hygiène de l’assassin qui est mon favori, en raison de l’incroyable scène de l’interview, qui représente tout ce qu’un journaliste ne doit pas faire. Mais Stupeur et tremblements tient une place particulière dans mon cœur tout de même. Il m’a été offert pour un lointain anniversaire par un ami que je ne vois presque plus. C’est la vie, paraît-il. Ce livre, et d’autres qu’il m’a aussi offerts sont un peu l’ancre de notre amitié.

Ah, les Chroniques de San Francisco. Il n’y a là que le premier tome. Si vous ne les avez pas lus, courez à la bibliothèque ou à la librairie la plus proche. La série d’Armistead Maupin est un must. Elle se dévore en un clin d’œil. Les personnages sont adorables, attachants. On reste avec eux si longtemps qu’on a l’impression de partager la vie de vieux amis. On grandit avec eux et on les regarde se séparer avec une boule au fond de la gorge. C’est une chronique du temps qui passe, du monde qui évolue. C’est aussi l’histoire de l’apparition du virus du SIDA dans la communauté gay californienne.

J’ai d’abord lu De l’amour et autres démons en espagnol. Mon professeur d’espagnol au Gymnase l’avait choisi parce qu’il venait de paraître et n’avait pas encore été traduit. J’ai depuis lors oublié presque l’entier de mes notions de cette langue, mais pas ma rencontre avec Gabriel Garcia Marquez. Cette histoire d’amour impossible entre une jeune fille victime de la barbarie religieuse et le prêtre qui tente de l’exorciser est envoûtante, sombre et magique. Le livre est beaucoup plus accessible que Cent ans de solitude, que j’ai dû recommencer plusieurs fois avant de finir. Même si j’ai beaucoup aimé aussi, une fois entrée dans l’histoire.

 J’ai adoré Le portrait de Dorian Gray parce qu’il explore la part sombre qui est en chacun de nous. Ces aspects de notre personnalité dont on aimerait se débarrasser, ou qu’on aimerait au moins pouvoir cacher à la face du monde. J’aime aussi le théâtre d’Oscar Wilde, particulièrement Un mari idéal et L’importance d’être aimé. J’aime son humour, sa plume acérée. Je pense toutefois qu’il convient de les lire dans leur langue d’origine. Wilde est de ces auteurs qui supportent mal la traduction.

Turning thirty, ou Trente ans déjà en français, de Mike Gayle est à lire absolument quand on s’apprête à changer de dizaine. J’allais ou je venais d’avoir trente ans que je l’ai découvert. Je me suis retrouvée dans beaucoup des situations auxquelles Matt, le héros, est confronté. C’est surtout un roman sur le passage à l’âge adulte. Certains le vivent beaucoup plus tôt, moi ça correspondait pas mal, même si ma vie à l’âge de trente ans était très différente de celle de Matt. Reste que j’ai beaucoup ri.

Daniel Pennac est un de mes auteurs favoris. Je suis tombée amoureuse de Benjamin Malaussène à la première lecture du Bonheur des ogres. Si j’ai opté pour Comme un roman, c’est parce que ce bouquin est un hymne à la lecture. Sur des pages et des pages, Pennac nous rappelle pourquoi nous aimons lire. Il parle des romans qui l’ont marqué, dont Madame Bovary de Flaubert, ou le Parfum de Süskind. Il nous donne le droit de ne pas finir les livres ou de commencer par la fin. Il nous rappelle que la lecture est le plaisir solitaire par excellence et que nous devons en profiter.

Le roman d’Alain Claude Sulzer est celui qui m’a le plus touché dans cette liste. C’est l’histoire d’un jeune garçon de 16 ans qui veut apprendre à connaître son père. Un père qui s’est suicidé à sa naissance. Un père qui a vécu à Une autre époque, une époque où on tentait de soigner l’homosexualité, et où la mort était le dernier des remèdes. C’est un livre coup de poing, une lecture nécessaire en cette période durant laquelle certains voudraient renvoyer gays et lesbiennes au fond du placard. Peu leur importe la souffrance, l’amour ou la mort.

J’ai lu à peu près tout Stephen King. Souvent en français, parfois en anglais. Si j’ai choisi Simetierre, c’est parce que c’est un des tout premiers que j’ai lus. C’est aussi celui qui m’a fait le plus peur à l’époque. Il porte aussi les stigmates des relectures successives. J’ai dû recoller les 35 premières pages avec du ruban adhésif. C’est aussi parce qu’il m’est impossible de désigner un roman du roi de l’horreur comme mon préféré. Ses histoires sont toutes tellement différentes qu’elles me touchent toutes autrement. J’aime la façon dont King décrit l’Amérique profonde sous couvert de terreur. J’aime ses personnages, bons ou mauvais, ses décors, ses ambiances. Bref, j’aime son univers.

Sous la pile deux grands classiques de la littérature française. Madame Bovary tout d’abord. Un livre que j’ai détesté de tout mon être lors de ma première lecture. L’analyse de texte qu’on m’a imposée au Gymnase avait fait perdre tout son charme à Emma, héroïne pourtant sublime. C’est Pennac (voir ci-dessus), qui m’a encouragé à donner une seconde chance à Flaubert. Ce deuxième regard a été lancé sans aucun autre but que le plaisir de lire. Objectif atteint, et Madame Bovary fait partie intégrante de mes plaisirs littéraires.

Si j’ai lu Les liaisons dangereuses dans le même contexte, rien n’aurait pu me dégoûter de cette pure merveille. Le style épistolaire nous plonge au cœur des pensées les plus intimes des protagonistes. Que dire de cette incroyable lettre 81 de la Marquise de Merteuil au Vicomte de Valmont? Nous avions passé des heures à l’étudier en classe. Et si l’analyse de texte m’a rendu Emma détestable, elle a sublimé cette femme de pouvoir avant l’heure. Quand la plupart de mes camarades s’arrachaient les cheveux de devoir lire cette montagne de courrier, je me réjouissais de m’y plonger, missive après missive.

Voilà mon top 10. Si j’avais dû n’en ajouter qu’un, ce serait sans doute L’histoire du Juif errant de Jean d’Ormesson. Un livre que ma sœur m’avait prêté et que j’avais dévoré comme si ma vie en dépendait. Ou alors Le diable Memnoch, cinquième tome de la Chronique des vampires d’Anne Rice. Ou un Fred Vargas. Bref, il fallait bien s’arrêter quelque part. Ce sera ici.

[1] https://www.facebook.com/pages/Librairie-du-Midi/157142754299889?fref=ts

[2] C’est Magali Philipp qui a attiré mon attention sur ce concept, sur Facebook d’abord, puis ici

Cet article, publié dans Coin lecture, est tagué , , , , , , , , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire